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Souvenir de Marguerite

5 mai 2022

Les souvenirs de Marguerite

   Le passé reste souvent comprehensible ou incomprehensible, heureux ou sombre, facile ou dur, tous dépend du passé mais, certaine personnes du passé on vécu des choses horribles que nous meme ne pourrons pas penser, voici l'histoire de Marguerite qui a vecu la seconde guerre mondial. 

 

SOUVENIRS DE LA PÉRIODE 1938 À LA FIN DE LA GUERRE

 

Août 1938, nous venons de rentrer de vacances à Bernières-sur-mer. Séjour agréable que nous avons passé dans une petite maison louée pour le mois de juillet. Marcel nous y avait rejoints pour le 14 juillet amenant sa mère, anecdote en passant, celle-ci casse ses lunettes, il faut aller à Caen. Il fait ce jour-là une grosse averse et dans la B2 nous sommes assez arrosés en passant dans une énorme flaque d’eau alors que nous bavardions et rions, la maman de Marcel qui avait la bouche ouverte reçoit dans celle-ci une giclée d’eau, fou rire général. À notre retour nous avons une drôle d’impression, la T.S.F parle sans cesse de troubles dans l’Est au sujet des Allemands et des Sudettes. Marcel pense que ça peut devenir grave. En effet, une quinzaine de jours plus tard, Marcel est appelé à l’armée qui rappelle quelques soldats pour garder nos frontières de l’Est. Le lendemain de cet appel Marcel part pour où ? et pour combien de temps ? Je cache mon angoisse le plus possible heureusement que j’ai Guy qui me permet de penser à autre chose, la radio ne donne pas beaucoup de détails. Par un petit mot repéré, j’apprends qu’il est sur la ligne Maginot ce n’est guère encourageant. Enfin, après 3 semaines les choses s’arrangent, Marcel revient ! quelles retrouvailles ! Et la vie reprend son cours mais il y a encore des nouvelles inquiétantes dans l’Est de l’Europe. Un certain Hitler a monté une armée en Autriche et veut s’emparer de la Yougoslavie.

Qui a pris ce pouvoir en Autriche. Enfin l’armée se termine hélas tristement pour nous car Pierre qui est malade depuis bien longtemps meurt fin novembre. Quel chagrin pour nous tous surtout pour ses pauvres parents. L’année nouvelle s’annonce difficile avec cette menace de guerre dans l’Est. Un nouveau chagrin s’ajoute, le père de Marcel meurt subitement en janvier sans rien qui puisse nous faire attendre ce malheur, il s’habillait pour partir travailler. Après ces épreuves on espère que le calme va revenir mais on parle encore de guerre. Les Allemands veulent s’emparer du couloir de Dantzig ce qui leur donnerait des bases militaires près de la Russie. La France prend des contacts avec l’Angleterre, des accords se font avec le 1er ministre Anglais Chamberlain, mais à nouveau Hitler fait parler de lui en envahissant la Tchécoslovaquie, à nouveau en mars on rappelle les soldats pour nos frontières et Marcel est encore au nombre des appelés. Le voici reparti pour où ? Comble de malchance, il avait une grosse commande de pièces de fonte, aussi avant de partir il me montre comment faire marcher le tour et me voilà devenue mécanicienne. Guy passe ses jours chez sa grand-mère et sa tante Jeanne. Ce travail m’évite de trop penser et je réussis à livrer la marchandise à la date promise. Marcel revient à ce moment-là avec l’espoir que tout cela n’est qu’un sale passage et la vie reprend son cours. Juin, juillet, les mots guerre sont sur toutes les bouches. Marcel va voir Lucien, un ami qui travaille dans un ministère. Celui-ci qui a une maison à l’Isle Adam lui dit qu’en cas de conflit il nous emmène là, nous serions plus en sécurité. Surtout que je m’aperçois que je suis enceinte.

C’est début août, ça y est la guerre est démarrée. La France, l’Angleterre se liguent contre l’Allemagne qui a envahi la Pologne. On distribue des masques contre les gaz asphyxiants que l’on doit avoir sur soi lorsque l’on sort. Nous habitons au 4ème étage et les ordres sont de descendre dans les caves à la moindre alerte. Naturellement la mobilisation générale est déclarée et Marcel repart. Pour l’instant heureusement il n’est pas trop loin, à Pontoise, aussi il juge prudent de nous amener à l’Ile Adam qui n’est pas loin et ainsi en cas d’alerte, je ne serai pas obligée de descendre à la cave avec Guy qui n’a que 4 ans. Donc on fait les bagages et nous voilà partis, installés dans une grande maison, un beau jardin, etc... On accueille également (il y a de la place) Irène et ses garçons, Pierre 2 ans, Gérard 5 mois. Notre vie s’organise, Marcel peut venir le samedi et dimanche. On se croirait presque en vacances mais hélas la TSF nous rappelle continuellement les batailles qui se déroulent, la Belgique envahie par les Allemands et les pillages. On commence à manquer de certains produits, je fais quelques réserves : pâtes, café, beurre, sucre etc... Je ne suis pas très en forme et un jour alors que nous partons faire des courses, j’ai des douleurs violentes. Sur notre route, il y a un docteur, à tout hasard on sonne, le docteur est là et accepte de me recevoir lorsque je dis que je suis enceinte. Il m’examine fait une première analyse d’urine, j’ai un taux très élevé d’albumine et cela risque de me faire une fausse couche. Il faut rentrer tout de suite me coucher, on me fait des piqûres, des ventouses scarifiées sur les reins et un régime sans sel au bout de quelques jours ça va mieux, heureusement que Irène était là, les jours passent. Irène a des nouvelles de Roger qui va venir.

Ils en profiteront pour se marier à l’église, ça sera dans les moments de Noël et Roger emmènera sa femme et ses enfants à Denneville chez la mère d’Irène. Nous avons donc assisté avec à une cérémonie peu courante. Premièrement, Roger qui était protestant a abjuré. Deuxièmement, il a été baptisé avec pour parrain et marraine, Marcel et moi. Troisièmement, ça a été le mariage, comme décor, le prêtre, le marié et le parrain en uniforme. On a fait un petit dîner de fête.

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Les choses allant de plus en plus mal il est envoyé à Saint-Satur sur les bords de la Loire, il aura un atelier et un logement où il peut nous avoir près de lui. Donc je fais les valises laissant bien des choses car la B2 n’est pas très grande pour tout emmener, il y a déjà le berceau qui prend bien de la place, aussi j’abandonne les réserves de ravitaillement, l’argenterie que je n’avais pas laissée à Pantin etc.…Roger, Jeanne et les enfants sont repartis à Denneville. Marcel est reparti à Pontoise et me voilà       toute seule avec Gary. Quelquefois j’ai quelques frousses car la maison donne sur un sentier à l’écart de la route. Je m’arrondis car le bébé attendu doit arriver vers le milieu de mars. Il fait froid heureusement il y a au sous-sol un stock de charbon. Les nouvelles sont de pire en pire. On parle de Belges et de gens du Nord qui commencent à quitter leurs maisons par crainte. Le temps de la naissance est arrivé et un jour heureusement, Marcel était là, il m’emmène chez la sage-femme qui prend des pensionnaires et vers 5h du matin, je donne naissance à une petite Geneviève, c’est un beau bébé et tout se passe normalement. Lors de mon absence, Marcel est allé chercher mémère qui s’occupe de Guy et me prendra en charge pendant quelques jours. Après une dizaine de jours, je vais à la maison, tout est en ordre pour attendre maman et bébé. Les jours s’écoulent, les nouvelles sont de pire en pire, les armées françaises sont bousculées et battent en retraite, les Allemands avancent sur Paris, ma grand-mère regagne sa maison et me voilà seule à nouveau avec mes 2 enfants. Marcel est toujours à Paris, il travaille indirectement pour la société du radium qui fait des démarches pour qu’il soit attaché à leur usine. Pourvu que ça réussisse car certains de ses copains sont envoyés en Syrie. Depuis quelques jours, des convois de réfugiés passent sur la route, ils fuient le Nord où les Allemands avancent de plus en plus. Un soir, on frappe à la porte, avec appréhension, j’ouvre. C’est un officier français qui demande l’hospitalité pour lui et ses hommes pour la nuit, ils iront au sous-sol et dans la petite maison. Je ne pouvais refuser et le voilà installé avec son état major, des cartes étalées sur la table pour se repérer. Ils s’installent avec leur couchage et le lendemain matin tous partent en me faisant de grands signes de la main et m’envoient des baisers. Il faut dire qu’il pleuvait à torrent et qu’ils m’avaient fait pitié. Encore quelques jours et Marcel m’annonce que ça y est, il est officiellement affecté spécialement à l’usine et à l’atelier de la société du radium. Le même jour au tableau d’affichage de la caserne il était marqué pour le départ en Syrie. Quelle chance !

Nous partons en suivant la foule car les réfugiés sont très très nombreux et on avance presque au pas. C’est terrible de voir tous ces gens qui n’ont pas de voiture et poussent une vielle carriole, une brouette, des vélos… Tout cela entassé de bagages, les quelques voitures ont bien du mal à se faufiler et on met des heures pour faire quelques kilomètres. On mange en roulant et le premier soir venu après avoir cherché en vain un toit, des fermiers nous proposent de coucher dans la grange sur la paille. Bien fatigués nous acceptons. J’ai même la nuit pour me chauffer, la compagnie de ce que suppose être un chat, et qui se révèle être un gros rat. Au matin, on reprend la route de plus en plus encombrée avec de temps à autre un avion qui passe et mitraille avec hasard, il y a hélas des blessés. Le soir on trouve refuge sous l’auvent réservé aux vaches lorsqu’il pleut. Au petit jour, j’ai une drôle d’impression, je sens comme des regards, j’ouvre les yeux ; ce sont des vaches qui ayant besoin d’être traites et voyant du monde venaient nous regarder, elles avaient l’air de supplier qu’on les aide. Nous sommes allés frapper à la ferme, une femme est venue, elle était toute seule et devait faire tout le travail, ce qui expliquerait son retard pour la traite, le personnel avait pris la route comme tant d’autres. Nous voilà donc repartis, les enfants sont sages heureusement, la fermière nous a donné du pain, du lard, des fruits et du lait, car de cet exode je n’ai plus guère de lait à donner à ma petite poupée. Guy se contente de mordre à belles dents dans une pomme. Enfin, nous approchons en fin de journée, de notre destination.

 

Geneviève, calée dans la brouette, Guy tassé entre nous. Le lendemain Marcel part se renseigner partout et apprend que ça appartient au propriétaire du bazar. Il va le trouver, celui-ci très compréhensif nous permet d’y rester tant qu’on veut et l’envoie chez une voisine qui prête un petit matelas pour Guy, des coussins pour mettre dans la brouette, des petites couvertures. Nous voici presque bien installés surtout que le bazarder venait là les week-end et avait un petit réchaud à alcool, des assiettes, une casserole, enfin de quoi faire à manger. La deuxième nuit nous semble le paradis mais soudain, les sirènes, les avions qui tournoient et un bombardement terrible commence. Par la lucarne, nous voyons d’énormes flammes très près de nous. Heureusement Marcel avait remarqué qu’à une cinquantaine de mètres il y avait un canal et le feu était de l’autre côté, là où il y avait un pont et des grandes cuves. On a su après que c’était de l’essence. Le feu dure toute la nuit, le lendemain Marcel va voir ce qui est arrivé et chercher également des commerçants. Lorsqu’il revient il a trouvé le pain, deux boîtes de conserve et il surtout vu le pont du canal écroulé et les Allemands qui sont arrivés de partout. La radio que Marcel a écouté chez un commerçant annonce                l’armistice signée, les Allemands sont à Paris et toute la moitié de la France. La Loire sert de frontière, le sud de la France étant déclaré zone libre. Il y a aussi un appel du Général de Gaulle qui est parti en Angleterre et veut continuer la guerre pour que la France reste libre. Le maréchal Pétain est nommé chef de l’état avec l’appui de l’Allemagne quel gâchis !!

Il y a une ferme pas loin, et je peux y avoir du lait, des œufs un peu de beurre, j’y vais tous les soirs et me trouve un soir avec un Allemand ; je suis un peu anxieuse, il se met à me parler avec un français pas trop mal pour parler de ses enfants et me montre des photos, il m’a presque fait pitié.

Encore une anecdote en passant. Pendant l’incendie,

th(13)une dame et son fils 10 à 11 ans nous demande si on n’a pas vu son mari, après avoir traversé la Loire en canot il est parti comme le faisait Marcel chercher des renseignements et à manger et le couple ne s’est pas retrouvé. On dit à cette dame qu’on préviendra son mari si on le voit,        

On servira, en somme, de point de ralliement ; elle repart je ne sais où dans l’après-midi, un monsieur nous demande si on a pas vu sa femme et son fils. On lui dit ce qu’on en sait, il repart, ils se sont cherché 2 jours et ont fini par se retrouver grâce à nous.

Les habitants ont mis des planches, des cordages pour pouvoir traverser le canal car la ville est surtout sur l’autre rive. On apprend aussi que ce bombardement sur le canal était fait par des italiens qui se mettent avec Hitler, quelle honte !! On parle d’armistice !!!

Notre vie s’installe tant bien que mal. On trouve à peu près l’indispensable. Marcel fait un tour tous les jours pour se tenir au courant des événements et sur la possibilité de rentrer chez nous car il n’est pas question de pouvoir rejoindre Béziers et même pour repartir à la maison ça pose de gros problèmes car il faut traverser la Loire donc aller en zone occupée et puis il nous faut un transport.

Bien sûr nous n’avons pas grand choix en vêtements ou autre. Aussi Marcel décide de tâcher de traverser la Loire, il y a un pont encore en état à quelques kilomètres, et de remonter la rive en face pour peut-être retrouver notre voiture. Je suis inquiète car il va partir toute la journée. Enfin dans la soirée, il revient avec 2 ou 3 bricoles et surtout une chaine en or et son médaillon rescapés de la disparition de la voiture, ce doit être nos oiseaux dans leur cage qui nous ont fait une farce. Que sont-ils devenus eux aussi ? En partant, on leur avait ouvert la cage et mis leurs graines en tas. Quelques jours passent et Marcel revient un jour en ramenant le pain, m’annonçant qu’il avait trouvé un transport, une voiture qui nous ramènerait chez nous ; le propriétaire de cette voiture rentrait à paris avec sa femme, moyennant finance, il acceptait de nous emmener. Donc le lendemain, départ de St-Satur, voyage normal, on a passé la ligne de démarcation sans encombre, il n’y avait pas encore de barrières infranchissables comme cela arrivera un peu plus tard. Et la vie reprend avec de plus en plus de mal à trouver de quoi se nourrir. On fait des queues incroyables devant chez tous les commerçants. On a des cartes d’alimentation pour le pain, la viande, le sucre, le lait, le beurre, etc, aussi pour les vêtements, chaussures etc… Comme j’ai 2 petits-enfants, Geneviève a quelque mois, j’ai une carte de priorité pour les files d’attentes, je suis inscrite à la ferme de l’avenue de Clichy pour le lait. Marcel a repris son atelier à moitié tranquille car on parle de travail obligatoire en Allemagne, Au mois de novembre, je suis avertie par les religieuses que ma tante Philomène était très malade et me réclamait. Je vais donc à paris, Juliette me garde Guy et Geneviève. En effet, la pauvre est mal en point. Elle me montre ses papiers, son argent, si elle meurt c’est pour moi elle a averti la Mère Supérieure et celle-ci me rappelle environ 1 mois après pour me dire que c’était fini. Je m’occupe donc des obsèques on l’enterre à Thiais, un grand cimetière pour paris. Dans l’intervalle, Marcel a dû partir se réfugier en Bretagne grâce à l’un de ses copains car les allemands voulaient l’embarquer. Je suis donc seule avec les enfants. Le temps passe en courses à la mangeaille, etc… Ma grand-mère viens de temps en temps me voir et nous échafaudons des projets. Marcel vient de temps en temps en coup de vent et envisage dès que les hostilités seront finies de s’acheter une petite maison. Ma pauvre tante nous aidera donc d’après sa dernière volonté et ma Grand-mère nous aidera aussi et viendra habiter avec nous. Depuis l’armistice on est un peu plus rassurés mais par contre il y a énormément de morts en Angleterre car celle-ci qui s’est ralliée à de Gaulle, est bombardée très souvent. Les allemands voudraient l’anéantir et l’annexer, ce qui leur ferait une grande base militaire. Le gouvernement de Vichy dirigé par Pétain fait alliance avec les Allemands et il se passe des drôles de choses qu’on apprend par-ci, par-là, par exemple les juifs doivent porter une étoile jaune cousue sur leurs vêtements, ils sont la cible des allemands. On entend parler d’arrestation, de convois de trains pour l’Allemagne emmenant des déportés et à présent les Allemands sont partout dans la zone occupée, la zone libre étant le Sud. Ayant des papiers en règle, Marcel revient, il a repris son atelier, il a peu de travail car le courant électrique est rationné, les métaux également mais on est ensemble et commençons les recherches pour un petit pavillon.

 

Après bien des recherches, nous trouvons à Livry-Gargan avec un jardin, ce qui m’enchante, ce n’est pas trop clair pour Marcel, son atelier pas loin de Papa et Maman à Bondy.

On emménage donc en juin 1941 Mémère vient habiter avec nous et la vie reprend avec des alertes de temps à autres et toujours des queues pour l’alimentation de plus en plus difficile à trouver. On croirait par moment que la vie est normale, moins on entend parler d’atrocités en Allemagne surtout sur les juifs qui se cachent un peu partout. À nouveau Marcel doit se sauver car ils ramassaient les hommes pour le travail forcé, faire ses armes pour bombarder surtout l’Angleterre.

Je me débrouille comme je peux pour la nourriture car je suis à nouveau enceinte, nous avons des tickets pour tout et des queues incroyables et j’ai malgré tout quelques avantages : carte de priorités dans les queues, du sucre, du lait, sac de charbon en échange et la carte de tabac de Marcel (il ne fume pas). Ma grand-mère a du mal à se faire à cette situation et puis il fait froid, un hiver glacial et précoce par contre nous avons bien profité de notre premier été dans le jardin avec quelques légumes et fruits, il y a 4 ou 5 poiriers. Les jours passant malgré tout, me voilà prête à accoucher et le 30 septembre je mets au monde une jolie petite Nicole. Marcel a pu venir et voir sa fille. Il se cache en Bretagne et travaille pour le fameux mur de l’atlantique, les enfants attrapent la rougeole et nous voilà sans feu ou presque. Un feu de cheminée avec des boulets pour tout un pavillon avec 3 enfants malades à tour de rôle puis après une accalmie, ma grand-mère attrape un gros rhume qui dégénère en pneumonie, la voilà dans le coma. J’essaye de joindre marraine, elle arrive hélas trop tard, mémère vient de nous quitter. Seule avec elle et les enfants on fait les démarches puis Papa et Maman prennent les enfants pendant ces journées pénibles et me les ramènent quand tout est terminé. Marcel n’a pas pu venir et me revoilà seule. L’hiver revient encore plus froid, j’attrape à mon tour un rhume qui se transforme en pointe de pleurésie. J’ai heureusement une très bonne voisine Mme Samise qui vient m’aider car je dois rester alitée le plus possible. Papa et Maman ne font vraiment pas beaucoup d’efforts pour me venir en aide. Enfin avec les nouveaux médicaments, les sulfamides je me remets assez vite et la vie reprend son petit train-train. Le temps passe en recherche d’alimentation, de chauffage. 

Des alertes, des bombardements, à chaque fois ce sont des émotions. Une fois, particulièrement où les bombes sont tombées sur les coteaux de Montfermeil car les allemands car les Allemands avaient caché des armes, des munitions, etc... et la maison tremblait. Puis un jour ont bombardés plus près de Paris à Bondy où la maison de Tata Marie a eu des égratignures et sur Pantin où la maman de Marcel a eu bien peur car l’escalier était endommagé, heureusement sans blessure. Le pire c’est toujours l’Angleterre et l’on parle d’une arme nouvelle, les V2 capables d’être tirés de loin sans le besoin des avions. 

Enfin, Marcel revient, tous ses papiers en ordre de mobilisation. La vie est donc moins triste, les nouvelles ne sont pas réjouissantes. On apprend que les allemands font des atrocités sur les juifs. Ils ont fait des bâtiments dans lesquels 

ils les entassent pour les brûler. Quelle honte !

 

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Ils commencent heureusement à être moins victorieux. Ils s’attaquent à la Russie et, comme l’avait fait Napoléon, ils sont chassés par le froid et la neige. Par contre, ils font toujours les fiers à Paris mais des bruits circulent. On parle de débarquement, d’abord à Dunkerque et malheureusement c’est un désastre, des centaines des soldats se noient en voulant fuir. Mais ce n’est que partie remise, on parle à présent de débarquement en Normandie. Cette fois, c’est la réussite. Malgré bien des morts, les Allemands reculent. De son côté, le général Leclerc arrive avec des blindés et des soldats revenus de l’Afrique du Nord. Pris entre deux feux, les Allemands se sauvent et c’est la débandade avec par-ci, par-là un peu de résistance. À Paris, il y a des batailles par endroits, la résistance est bien organisée et les Allemands sont obligés de déguerpir cela cause encore des morts et des blessés. Ils se retirent et essayent encore de résister dans les Ardennes mais ici c’est enfin le calme, on respire sans avoir peur car les derniers jours étaient durs. Quand ils sont partis, entre autre ils passaient en trombes sur le Boulevard et un jour on faisait la queue chez le boulanger, au moins une vingtaine de personnes, ils sont passés et ont commencé à mitrailler. Quelle peur !

La vie reprend son cours mais hélas, toujours avec des restrictions de tickets pour tout. On croyait naïvement que tout allait redevenir comme avant mais ce n’est pas encore la paix. L’Angleterre subit des bombardements quotidiens et les Anglais en font autant en Allemagne, à leur tour d’être les cibles. On parle d’attentat contre Hitler. Encore un hiver pénible où il fait très froid mais on a tout de même espoir car les Allemands eux-mêmes en ont assez. Le printemps arrive, nous sommes en 1945 et au mois d’avril, le 30, un grand cri se répand partout. Vaincu enfin, Hitler se suicide. C’est enfin la fin, la vraie fin de cette guerre qui a fait des millions de morts. Les camps de déportés (ceux qui ont survécu) sont ouverts, et les malheureux qui en sortent sont squelettiques et des milliers d’autres (les juifs) ont été brûlés.

La vie reprend son cours tout doucement, on manque encore de bien des denrées, le rationnement existe toujours et durera jusque vers 1948.

Ces souvenirs sont à jamais gravés dans ma mémoire, une période qui m’a apporté beaucoup de peines, de soucis et heureusement quelques joies, la naissance de mes deux filles chéries.

À présent, en 2000, bien d’autres événements ont marqué ma vie, des bons, des mauvais, mais j’ai tout de même eu la chance de sortir de cet enfer avec une famille agrandie alors que tant d’autres ont perdu des êtres chers. Je pense à tous ceux et celles qui ont fait de la Résistance et que les Allemands ont martyrisé parce qu’ils voulaient que leur pays reste Français.

 

L'histoire de Marguerite pendant la seconde guerre mondial. 

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